En raison de la violence extrême dont il est capable, l’homme de guerre incarne l’une des grandes peurs de la société de la fin du Moyen Âge. Au sortir de la guerre de Cent Ans, dans l’Angleterre, la France et les principautés bourguignonnes du xve siècle, il devient urgent pour les pouvoirs publics de réformer les armées et d’encadrer l’usage légitime de la force publique. Les excès des gens de guerre en dehors du champ de bataille sont désormais considérés comme des crimes devant être sévèrement punis par la justice. Dans ce contexte de renforcement de la discipline militaire, les monarques anglais, français et bourguignons continuent pourtant à accorder fréquemment le pardon à leurs soldats. Loin d’être le signe d’un éventuel laxisme du pouvoir royal ou princier, les centaines de lettres de rémission et de pardon octroyées aux gens de guerre se révèlent au contraire un important instrument de régulation des armées. À partir de cette documentation exceptionnellement riche, ce livre interroge les liens entre violence guerrière, justice et pardon, et offre un regard nouveau sur les gens de guerre et leurs crimes à la fin du Moyen Âge.