« La France a perdu une bataille, mais elle n’a pas perdu la guerre » : cette formule que le général de Gaulle fit placarder sur les murs de Londres à l’été 1940 résume pour nous, Français, l’esprit de résistance. Lorsque tout est perdu, il reste l’espérance. Lorsque l’espérance demeure, le combat reste possible.À partir de l’été 2020, il était prévu de commémorer les appels du général de Gaulle à la résistance et au combat pour en retrouver l’élan. Nul n’avait prévu que quatre-vingts ans plus tard presque jour pour jour, ces actes de mémoire seraient obscurcis par un autre combat : celui que nous menons, à l’instar de toutes les nations, contre la pandémie.L’usage par le président de la République française de la métaphore guerrière pour décrire ce combat a été contesté. Destinée à frapper les esprits (ce qu’elle fit), cette métaphore sembla ensuite exagérée. La mobilisation de ressources techniques, scientifiques, humaines, morales et patriotiques qu’exige la lutte contre le coronavirus ressemble pourtant aux moyens que requiert une guerre. Le consentement du peuple français à la suspension de libertés fondamentales, l’intensité des efforts des soignants, leur corps-à-corps quotidien avec la mort dessinent des conditions point éloignées de l’état de guerre. Aucun soldat du reste ne songerait à placer le courage et le dévouement des soignants dans la course de vitesse contre la maladie en deçà des vertus démontrées par les militaires sur les théâtres d’opération.Sans doute la métaphore présidentielle n’allait-elle pas jusqu’à faire référence à un autre état de guerre qu’avait connu notre pays : celui de juin 1940. Alors comme maintenant, l’effondrement des capacités opposées à l’ennemi fut rapide, brutal et sidérant. Il a suffi de quelques jours à la France de 1940 pour constater qu’elle s’était fourvoyée depuis des années dans ses anticipations stratégiques et n’avait pas installé un dispositif à la hauteur de la menace.De même, en 2020, l’épidémie a frappé une France qui se croyait prête mais qui ne l’était pas. Pour des raisons qui restent à déterminer, nous avons confié la santé publique aux épigones du général Gamelin. Surpris de ne pouvoir s’appuyer sur un appareil administratif qu’il croyait paré, le gouvernement français a chancelé, comme le randonneur qui n’aperçoit pas le trou sous la couche de feuillage faisant paraître ferme le chemin.Le gouvernement dut construire en temps de crise l’arsenal qu’il est de bonne gouvernance de préparer par temps calme. Le pays dut se résigner à accepter de la part de son système de santé publique ce que jamais il n’aurait accepté de ses armées.Alors oui, nous avons perdu une bataille. Nos lignes ont été transpercées. Il a fallu déclencher un niveau d’alerte sans précédent.La ressemblance va plus loin encore. Présentation de la collection : Et après ? Notre monde post-coronavirus ne sera sans doute plus le même. Quel sera le rôle de l’État ? Doit-on remettre en cause la mondialisation ? Doit-on se méfier ou s’appuyer davantage sur les scientifiques ? Autant de questions, et bien d’autres, sur lesquelles il faudra se pencher.Les Éditions de l’Observatoire, depuis leur création, ont l’ambition d’anticiper et de créer les débats d’idées. Nous continuons donc notre mission dans cette période propre à la réflexion en publiant de courts livres numériques qui amorcent déjà les thèmes de ce « monde d’après ». Nos auteurs ont répondu présents, conscients de former au sein de leur maison d’édition une véritable communauté de pensée. Muriel Beyer Directrice des Éditions de l’Observatoire