Dans ce livre extrait des Essais et derrière la défense apparente de Raymond Sebond, Montaigne utilise la méthode de pensée purement rationnelle et empirique de ce théologien catalan du XVe siècle pour établir la vanité de l’homme et de sa science. Il dénonce l’anthropocentrisme, place l’homme sur un pied d’égalité avec l’animal et conteste un culte de la raison triomphante dès lors qu’elle est exercée au mépris de la vie et de la nature. Résolument avant-gardiste, Montaigne prône la bienveillance à l’égard des bêtes et le respect pour la sensibilité du vivant quel qu’il soit. Communication, langage corporel, sens de la fidélité, organisation sociale, sensibilité, autant de qualités que Montaigne reconnaît aux animaux. Exercer son humanité, c’est savoir étendre les limites de la communauté au-delà des hommes, et reconnaître l’existence des animaux en tant qu’individus. D’une grande modernité, les thèses de Montaigne préfigurent admirablement celles sur la libération animale.