Un deuil une fois encore a eu lieu : il paraît ici ineffaçable. Mais ce qui frappe dans ce nouveau recueil, c’est l’extraordinaire retenue avec laquelle Éric Sautou affronte cette épreuve, à travers l’écriture. Jamais peut-être sa poésie, resserrée par nature, n’aura su transmettre l’émotion qui la fonde avec une telle ascèse – notamment dans la séquence d’ouverture (simplement intitulée 26 poèmes) et dans les strophes brèves de La vie éternelle. Ou à la fin de l’ouvrage, dans la section qui lui donne son titre et esquisse un récit moins fragmentaire. Le poème excède ici de très loin la simple confession : entre pénombre et lumière, il donne accès par une brèche étroite à la part la plus secrète ou la mieux cachée du réel.