Tout a commence par une jeunesse heureuse à Vienne. Née le 2 novembre 1755, "Madame Antoie" pour sa famille, "Marie-Antoinette" pour les français, est la quinzième enfant de la puissante impératrice Marie-Thérèse d'Autriche qui a patiemment négocier son mariage avec le futur roi de France. C'était en 1770, elle avait quinze ans, un frais visage rose entouré de boucles blondes, une taille faite à ravir, une peau " d'une blancheur éblouissante", des yeux de porcelaine bleue. Tout a continué tel un compte de fée où la jeune reine de vingt ans, insouciante, trop rieuse, peu instruite tenta d'oublier une ombre à ce rutilant tableau: la non consommation de son mariage avec le Dauphin, d'un an plus âgé qu'elle, le malheureux Louis XVI. Il fallu sept années pour que la reine devienne enfin mère de son premier enfant.Marie-Antoinette se consola de ses difficultés conjugales par des fêtes sans fin, de folles dépenses en toilettes et bijoux, un entourage sans scrupules et une passion pour le Suédois Axel de Fersen, amoureux d'elle, qui tenta tout pour la sauver. Maladroite, elle multiplia les imprudences d'étiquette et financières qui alimentèrent la rumeur et les pamphlets injurieux et obscènes. L'affaire du collier, sombre escroquerie, marqua le tournant fatal. De l'adoration, l'opinion passa à la haine. Et même à la haine de l'ancien régime, qu'elle symbolisait. On la surnomma " L'Autrichienne". Elle trahit, dit-on, la France et ose informer Vienne de la politique du roiQuand la révolution éclata, Marie-Antoinette changea, devenant une vieille femme aux cheveux blanchis par les épreuves. Avec la fuite ratée à Varennes, l'épouvante d'apercevoir sous ses fenêtres à la prison du Temple la tête de son amie la princesse de Lamballe, la mort du roi le 21 janvier 1793, l'enfermement à la Consiergerie où elle ne revit plus jamais ses enfants, son destin devint tragique. La reine changea, se transformant en femme digne dans l'adversité. Guillotinée alors qu'elle n'avait que trente-huit ans, elle est devenue l'objet, aujourd'hui, d'un véritable culte. Serait-elle, avec le temps, le secret remords des Français ?Vigée-Le Brun, portrait de la reine Marie-Antoinette dit "à la rose". Château de Versailles et de Trianon © Photo RMN.