Lorsque Joséphine de Sauvage hérite en 1785 du domaine d’Yquem, celui-ci n’a pas la notoriété qu’on lui connaît aujourd’hui. Formée par son père à la culture et à la dégustation du vin, elle prend la direction, à la mort de son mari, de la propriété familiale. Un rôle inédit pour une aristocrate au XVIIIᵉ siècle. Seule aux commandes du vignoble, Joséphine d’Yquem s’impose d’emblée comme une véritable cheffe d’entreprise. Face au destin tragique de sa famille, aux révolutionnaires bordelais, elle défend corps et âme son domaine et sa qualité de viticultrice. Créative, audacieuse, passionnée, la jeune femme découvre le rôle du botrytis cinerea, ce champignon microscopique qui favorise la transmutation du jus de raisin en un vin liquoreux. Avec ses brumes matinales et son bel ensoleillement, le climat du domaine se révèle en effet idéal pour la maturation de cette « pourriture noble ». Joséphine d’Yquem innove par une sélection attentive des raisins et des vendanges tardives, au risque d’affronter le courroux des viticulteurs… Autant d’initiatives visionnaires qui ont fait de son vin blanc un cru rare, aujourd’hui parmi les plus célèbres au monde. Une belle reconnaissance pour cette femme oubliée, dont l’histoire retrouvée dans les archives familiales offre ici le récit d’une vie d’exception.