La mémoire a le don d’oublier, de gommer les souvenirs comme on effacerait une ardoise. Je voulais écrire un roman sur l’autre génération, celle des heures perdues, des jeunesses gâchées derrière les barbelés, un livre sur l’amitié qui sert de tendresse à des amours impossibles. Je voulais tout cela et bien d’autres choses encore, parce que je suis le fils de ces heures d’hésitation et que je ne trouverai le sommeil que lorsque la mémoire me dira : je me souviens.Chacun de mes personnages est à la recherche d’un quelqu’un qui, au-delà de l’absence, entendra son murmure, son appel déchirant. Sam, Antoine, Philippe ont eu envie d’être ce « quelqu’un pour quelqu’un » qui permet d’échapper à la transparence, à la perte d’identité, à l’anti-mémoire. Ils trouveront dans la guerre le frisson qui manquait à leur vie. Ils tenteront l’aventure, je ne sais quelle vérité enfouie au profond de leur désespoir. Ils conjugueront l’amitié à tous les temps jusqu’à se perdre de vue. A travers leur errance, c’est en quête d’eux-mêmes qu’ils partent. Ces routes sont les miennes. Ce livre m’a conduit à suivre mes personnages des prisons allemandes, en 1942, aux drames de l’Asie du Sud-Est.