Une silhouette en marche, dense à faire éclater les pierres. C’est de cette vision qu’il nous semblait devoir partir, parce que Césaire resta toujours debout : un humaniste d’une curiosité insatiable, qui se méfiait des honneurs et des courtisaneries, mais surtout un poète et un homme politique visionnaire. Cri de colère autant que d’optimisme, la vie de Césaire est aussi l’affirmation d’une voix singulière : une poésie jaillie des profondeurs, comme une éruption de la montagne Pelée, et indissociable de son engagement dans la vie politique du XXᵉ siècle. C’est de moment en moment que nous avons choisi de dessiner sa trajectoire : celle d’une pensée tendue vers un monde juste et fraternel. Sa négritude est une conquête, une solidarité – l’affirmation intransigeante de notre humanité. Elle naît de la même révolte originelle contre le monde tel qu’il est, se nourrit du même désir de mener tous les opprimés, tous les aliénés, « hors des jours étrangers ».