Ce cinquième volume de la réédition des Œuvres de Charles De Koninck tranche sur les précédents par la présence, parmi d'autres, de textes pratiquement inconnus jusqu'à maintenant – dont plusieurs consacrés à l'étude du fédéralisme. Dans son excellente introduction, Jacques Vallée explique très clairement les raisons du caractère inédit de ces textes pourtant de première importance, théorique et pratique à la fois.Quelle est la vraie nature du fédéralisme? Existe-t-il une constitution idéale? Que penser du Grand Etat? Quelle devrait être la fonction exacte d'Ottawa au sein du Canada? Une "double souveraineté" est-elle vivable? En quoi le rapport de la commission Tremblay s'est-il révélé l'une des sources déterminantes de la révolution tranquille? Ces questions, et bien d'autres semblables nous concernant de très près au Québec, trouvent ici des formulations et des réponses d'une pertinence telle qu'on ne peut qu'en tirer le plus grand profit, aujourd'hui comme hier.La richesse du volume ne s'arrête pas là. Car on y trouve d'une part toute une philosophie politique, s'inscrivant dans la lignée d'Aristote, Montesquieu et Alexis de Tocqueville, mais mise également en parallèle avec Max Weber, Bertrand de Jouvenel et Raymond Aron - et engagée, comme on vient de l'entrevoir. Cet engagement prend en outre la forme d'un débat constant avec le marxisme. On y découvre d'autre part une préoccupation sociologique qui ne se dément pas et le souci de ne point faire fi de questions difficiles et cruciales comme celle, par exemple, de la régulation des naissances. La primauté du bien commun, si énergiquement défendue en ses principes dans le volume précédent, aura ainsi été honorée aussi en ses formes les plus concrètes dans la vie et l'oeuvre de Charles De Koninck jusqu'à la fin, marquant chaque fois, du même coup, la grandeur du politique.