Denise Epstein est née en 1929, année de parution de David Golder, le premier succès littéraire d'Irène Némirovsky. Fille surprotégée de la romancière qui la présentait aux journalistes pour éluder les questions ou les photographies, elle est pourtant, ainsi que sa sœur Élisabeth âgée de cinq ans, jetée de plein fouet dans la vie, en juillet 42, lorsque les gendarmes français viennent arrêter sa mère dans le village où la famille a trouvé refuge. Quelques mois plus tard, son père, Michel Epstein, est aussi déporté puis assassiné par les nazis. Suivent des années de cache, de faux noms et de pensionnats : 'la traque'. Avec une grande pudeur et un art de la dénégation modeste, Denise Epstein se livre pour la première fois – en creux du succès de Suite française. C'est tout un itinéraire, à la fois exemplaire et reflet du siècle, qui se lit. Une enfance choyée et une adolescence laminée par la peur, un âge adulte sans repère, une vie de militante dans les années soixante et soixante-dix, un timide retour vers le judaïsme – qui n'interdit pas, bien sûr, un procès fait à Dieu pour ses absences et notamment celle qui l'a privée des siens, même s'ils ne cessent de l'accompagner. Pour, comme elle, vivre et survivre...