Les jours flottent autour de moi. Je ne sais pas comment m’y prendre, je n’ai prise sur rien. J’existe à la place d’un autre et cet autre est celui que j’étais avant. Je ne me retrouve pas, je me souviens seulement que je vais vivre. Pour le moment j’ai soif des garçons, d’idoles mouvantes, je ne pense qu’à ça, ils se substituent à la peur, ils transforment mes désordres, ils les rendent voluptueux, pendant ces minutes avec eux je dévisage la félicité, ils empêchent que je m’effondre. Je les quitte très vite, parfois je les vole, je ne m’attache à aucun.Après cinq années passées en prison à Nice, le narrateur saute dans un train de nuit pour retrouver Paris. Il a vingt ans, nous sommes en 1977. De Saint-Germain-des-Prés à la rue Sainte-Anne, du Sept au Palace, il accumule les amants et les amitiés improbables. Sa vie est brouillée et précise à la fois, il côtoie des garçons comme lui qui ne lui ressemblent pas tout à fait, des personnes célèbres aussi avec qui il entreprend des relations plus durables, parfois chaotiques. Le secret de son enfermement à Nice, dont il voudrait se décharger, court tout au long du récit et entrave la poursuite de son destin. Sa solitude est une force sensuelle et mélancolique, elle l’aidera finalement à grandir.