Le sentiment d’exaltation apparaît comme le dénominateur commun d’affects différemment organisés, comportant tous l’impression d’un agrandissement de soi, ou de la reconstitution d’une unité de soi. On pourrait décrire un spectre de l’exaltation allant de l’exaltation maniaque – celle de la « manie » au sens psychiatrique du terme – au sentiment océanique éprouvé dans les foules religieuses, dans le mysticisme, l’impression de triomphe ; dans le registre de la psychologie de tous les jours il s’étend de la joie ressentie lors d’un succès, d’une fête, ou plus ordinairement encore lors de ce qui est perçu comme un progrès personnel, un enrichissement du Moi. On voit apparaître ce vécu d’exaltation dans les moments forts de la vie amoureuse mais aussi dans la haine, dans les moments intenses de la vie des groupes, des stades, des foules… et aussi dès que la question de l’idéal et de la construction de l’identité se trouve au premier plan.