Les maïs des Indiens zapotèques des montagnes du Mexique sont « contaminés » par la présence de transgènes échappés des laboratoires biotechs nord-américains. Ce croisement inattendu est bien plus qu’une simple question environnementale ou sanitaire, c’est un véritable choc quant aux différentes façons de se représenter l’agriculture, l’alimentation, la propriété, la connaissance et même la vie. Les maïs transgéniques, produits phares des biotechnologies agricoles, représentent en effet une redéfinition radicale du vivant, à l’heure où émerge la notion trouble de biodiversité comme nouvelle façon de parler de la nature. Ils incarnent aussi le rêve hypermoderne d’une alliance entre science et technologie, au service d’un marché tout-puissant, quand la crise écologique globale met justement en évidence les limites du contrôle humain sur son environnement et la nécessité de repenser le lien entre nature et culture. Finalement, on peut même se demander si ce micro-drame qui se joue dans les montagnes mexicaines ne renvoie pas à des conflits beaucoup plus fondamentaux autour de la redéfinition de notre époque moderne, bouleversée par le processus de globalisation.