« D’António Lobo Antunes, probablement le romancier européen le plus doué de sa génération, on sait peu de chose : naissance bourgeoise en 1942, études de médecine, un service militaire de plus de deux ans en Angola, et un poste de psychiatre à Lisbonne. Le reste est à imaginer à partir des livres. Des romans qui ne ressemblent à rien de connu, mais qui entretiennent suffisamment de liens entre eux pour que l’on puisse, sans l’ombre d’une hésitation, conclure à l’existence d’une œuvre véritable, d’un univers personnel : le propre d’un grand créateur, qui invente de nouveaux prismes à travers lesquels on peut y interpréter le monde différemment. António Lobo Antunes est un auteur très neuf, mais s’il faut, à son sujet, évoquer un grand ancêtre, c’est à Céline que l’on pense : le même non-respect de toutes les valeurs établies, un sens de la bouffonnerie désespérée, le goût pour l’Hénaurrme toujours prêt à verser dans l’onirique, le génie de la prolifération des images et des mots. En tout état de cause, il semble déjà que, depuis John Kennedy Toole et sa Conjuration des imbéciles, aucun auteur étranger de cette dimension ne soit apparu. » Christophe Mercier, Commentaire (1994)