André Meynard développe comment, bien au-delà de la seule vocalisation, nous venons au monde grâce à la rencontre avec un tissu langagier désirant, multimodal, qui nous préexiste. Un tel tissu, avec ses divers brins sonores, gestuels, tactiles et visuels, oriente souvent étrangement le cours de notre vie. À partir de quelques traces de son propre roman familial, il évoque ainsi les voies singulières qui ont rendu possible sa rencontre avec les Sourds, ceux donc qui parlent avec les mains et entendent avec les yeux.Prendre langue avec de tels sujets, trop vite qualifiés de handicapés de la parole, n’est en effet pas si simple. À l’épreuve de cette rencontre qui dérange et met en tension nos repères coutumiers, l’auteur s’est notamment attaché à entendre ce que les enfants Sourds transmettent, à travers ces langues gestuelles animées de ces lueurs du pulsionnel qui seules nous humanisent…Dans ce travail référencé, il s’appuie sur sa pratique analytique et sur de nombreuses œuvres artistiques qui se révèlent attentives à ces modalités gestuelles langagières d’ordinaire si négligées, pour montrer que nous pouvons être enseignés par l’altérité et la dissemblance.