Travail forcé, mauvais traitements, épidémies, « expériences médicales », famines, tortures, exécutions sommaires, Neuengamme avec ses satellites est sans conteste l’un des camps de concentration les plus meurtriers de toute l’Allemagne nazie. N’y a-t-on pas compté près de 60 000 morts pour un peu plus de 100 000 détenus ? Opposants politiques, syndicalistes, déviants de toutes sortes, communistes, chrétiens, juifs, artistes et intellectuels, résistants de toute l’Europe, Allemands, Français, Tchèques, Belges, Polonais, etc., tous y ont été réduits en esclavage.Mais il était écrit que ces souffrances ne s’arrêteraient pas là et qu’à l’horreur concentrationnaire viendrait s’ajouter une ultime tragédie. Alors même que Hitler venait de se donner la mort au fond de son Bunker, alors que les Britanniques et les Soviétiques se trouvaient à quelques kilomètres à peine de là, les SS se mirent en tête, dans un incompréhensible fanatisme jusqu’au-boutiste, d’évacuer Neuengamme de ses derniers prisonniers et de les regrouper, dans d’effroyables conditions, sur un ancien paquebot de luxe, le prestigieux Cap Arcona, amarré dans la baie de Lübeck ! C’est là que, le 3 mai 1945, une escadrille de la Royal Air Force, mal renseignée probablement, bombarda le navire et le coula, causant la mort de plus de 7 000 détenus dans les eaux glaciales de la Baltique.À partir d’une documentation considérable, les auteurs racontent l’histoire du camp et le calvaire des déportés, ils dressent d’émouvants portraits de victimes, les unes anonymes, les autres célèbres, ils relatent avec minutie les étapes de l’infernale tragédie. La révélation de cet épisode peu connu, voire occulté de la Seconde Guerre mondiale illustre un aspect inédit de l’univers concentrationnaire et de la folie nazie.