« Jette ces couleurs et, avec elles, tous tes préjugés». Ce conseil donné à Fra Angelico par uri jeune peintre anticonformiste, dans Le Lys rouge (1902), ressemble à un mot d'ordre lancé par son auteur, Episkopopoulos, aux autres auteurs grecs décadents.
Le présent ouvrage, qui complète l'étude thématique menée dans Le Décadentisme grec (1894-1912), analyse la façon dont les écrivains de ce courant littéraire ont systématiquement subverti les conventions romanesques en usage à l'époque (gouvernant la composition, les genres, les descriptions, la représentation du héros ... ) pour se livrer à une création à rebours, qui s'affiche comme une esthétique de la déformation. Par la transformation des modèles, diabolisés ou idéalisés, par l'utilisation d'une écriture métaphorique et le recours à l'outrance, la production décadente, placée sous le double signe de l'excès et de la métamorphose, fait surgir une beauté nouvelle, une beauté « convulsive», un art maudit revendiqué comme la marque de la modernité.