Les transcriptions des conférences données par Henri Guillemin en 1967 réunies dans un seul ouvrage
On avait bien compris, à la lecture de son Silence aux pauvres, qu’Henri Guillemin ne se contentait pas, quant à la Révolution française de 1789, des versions officielles et convenues. La suite de conférences, données à la Radiotélévision belge en 1967, réunies ici par les soins de Patrick Rödel et Jean-Marie Flémale, nous le confirme.
Pour Henri Guillemin, en 1789, on assiste à une révolution des gens de bien, qui doit permettre à la bourgeoisie d’affaires d’accéder au pouvoir, quitte à le partager avec l’aristocratie dans le respect d’un certain ordre social. La vraie Révolution, populaire, qui se préoccupe réellement des classes pauvres, du Quart Etat, restait à venir. Elle aura vécu de 1792 à 1794 et sera liquidée avec la mort de Robespierre.
C’est donc de ces deux Révolutions françaises que traite ici Henri Guillemin, en bousculant singulièrement, une fois de plus, les idées reçues.
Un regard non conformiste et aiguisé sur un épisode fondateur de l'histoire de France.
EXTRAIT
Venons-en donc au récit. On l’a dit, Guillemin a ses « têtes » et les portraits qu’il trace des protagonistes de la Révolution valent le détour. Il ne manque pas d’admirer Robespierre, Saint-Just et Marat ; bénéficient aussi de ses faveurs Manon Roland, Grégoire, Jacques Roux, Jeanbon Saint-André ou Billaud-Varenne. En revanche, il n’a pas de mots assez forts pour vilipender Danton, Mirabeau, Mounier, Barnave, La Fayette, Necker, Condorcet, Sieyès, Cambon, Carnot, Rabaut Saint-Étienne, Barère ou Fouché. Et il inscrit son histoire de la Révolution française en contrepoint de celle de Michelet, qu’il poursuit de sa vindicte de telle manière qu’on imagine bien les deux hommes, s’ils avaient été contemporains l’un de l’autre, s’affronter en un vrai duel.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Guillemin nous donne une galerie de portraits hauts en couleur et qui correspondent peu souvent aux images d'Epinal auxquelles nous sommes habitués. Mirabeau, Danton n'en sortent pas grandis. Marat, Saint-Just, Robespierre, par dessus tout, retrouvent la grandeur qui était la leur et que les Thermidoriens s'étaient empressés de noircir. Il restitue avec ferveur les combats, les illusions, les réalisations et la défaite de ceux qui ont voulu opposer à la première Révolution, bourgeoise, une Révolution qui fût réellement populaire. - Les ami(e)s de Henri Guillemin
À PROPOS DE L’AUTEUR
Henri Guillemin, né le 19 mars 1903 à Mâcon et mort le 4 mai 1992 à Neuchâtel en Suisse, est un historien, critique littéraire, conférencier et polémiste français reconnu pour ses talents de conteur historique et pour ses travaux sur les grands personnages de l'histoire de France et sur différents grands écrivains. Il a aussi publié sous le pseudonyme de Cassius.
Il avait une passion sans faille pour la vérité, aussi bien littéraire qu'historique, et résumait cette passion par « lorsque j'apprends une vérité méconnue, je ne peux pas me taire ! ».