En 1893, Maupassant mourut de syphilis ; en 1993, il est impossible d'ignorer qu'il est mort psychotique.Ses contemporains lisaient - dans son œuvre - des histoires de transgressions sociales, morales, et surtout sexuelles, trois cents histoires dynamiques, explosives, où triomphent l'individu et son plaisir. De nos jours, on lit un Maupassant noir. Sa banalité, programmatique, révèle des profondeurs inquiétantes et, dans l'histoire, toujours la même, qu'il raconte trois cents fois, nous décelons nos désarrois, ceux de notre univers.Ce livre fait état de cette double lecture. De l'ancienne, bien connue, par l'évocation de quelques témoignages de morts qui, de Freud à Sartre, sont vivants dans notre mémoire. De l'actuelle, au moyen d'une analyse de l'œuvre qui, passant par la narratologie, la sociocritique et la psychanalyse, suit les cheminements d'une fatalité irreprésentable, celle de l'abolition de l'individu et de la différence. D'une fatalité dont Maupassant, trois cents fois, conjure la menace.