Il y a, chez Bachelard, une double suite transdisciplinaire, l'une philosophique, l'autre poétique, deux suites distinctes qui s'interpénètrent, parfois, se télescopent au gré de l'imagination, du rapport du sujet à l'objet, ou encore de l'instant. Au commencement était la suite épistémologique. Elle a débuté dans une extrême aridité mathématique, malgré la splendeur verbale. Elle a suscité bien des intérêts pour la construction de la physique expérimentale et pour l'épistémologie des sciences. Une telle suite surrationaliste s'est prolongée par une seconde suite, surréaliste, venue se greffer en une imagination créatrice, tantôt matérielle, tantôt formelle, parfois querelleuse, sur un ton poétique saisissant. Au-delà de sa philosophie, l'inépuisable rêverie de Bachelard reste une énigme ouverte à de multiples éclosions. L'accent est mis ici sur le versant épistémologique de l'oeuvre, impulsé par une panoplie d'équations fondamentales de la physique et de la chimie, encore d'actualité.