1974 a marqué le dixième anniversaire de la fondation des « Mothers of Invention » par Frank Zappa. Pendant ces années, le groupe a gagné peu à peu une très large audience internationale. Sans jamais sacrifier à aucune mode, à aucun courant, il a conservé un ton, un style, un humour aussi, jamais égalés dans le monde de la pop-music. Ces originaux ont toujours été des critiques virulents et caustiques de leur univers : les États-Unis, et surtout Los Angeles. Leur critique se fait à plusieurs niveaux : • culturel - elle dénonce la bêtise et l’aliénation suscitées par un certain show business ; • politique - elle montre les méfaits de la corruption du pouvoir ; • global - elle s’en prend aux monstres sacrés de l’Amérique, l’argent, le sexe manufacturé, la consommation boulimique... Mais Frank Zappa n’est pas simplement un auteur de chansons : il est un moraliste, au sens de « peintre de mœurs ». Et il est aussi un musicien très sérieux, qui refuse les facilités de la pop-music sur mesure et qui va chercher son inspiration chez Edgard Varèse en même temps que chez Phil Spector ou John Coltrane. Aux yeux des Européens, c’est une chose importante ; nombre de groupes allemands — parfois même des français — se réclament principalement de Zappa. Aujourd’hui, lui et les « Mothers » ont vendu plusieurs millions de disques. Frank Zappa a dirigé avec succès des entreprises de production qui ont révélé des gens comme Alice Cooper, Captain Beefheart, ou Tim Buckley. Et l’on peut affirmer qu’il représente dans l’histoire de la pop-music un phénomène aussi important que Bob Dylan ou les Beatles.