Pourquoi Roger Gendre revient-il dans son village natal ? Est-ce, comme il le prétend, pour emprunter de l’argent au notaire de sa famille ? N’a-t-il pas quelque motif secret, et plus obscur, qui le force à rejoindre cette forêt de son enfance ? Les fantômes du passé ne lui ont-ils pas fixé le plus étrange des rendez-vous ? Comme l’exige la coutume, Roger Gendre porte le nom et le prénom de son grand-père paternel, personnage scandaleux et insolite qui, comme pour se moquer, construisit une énorme cimenterie vouée à la ruine. On a peine à croire que c’est le destin qui pousse Roger Gendre aux épaules (ne voit-il point tout s’éclairer sous son regard ?)... En ce village des noires Ardennes, dans l’aube indécise, un crime est commis. Il ne fallait rien de moins que cette grave circonstance pour montrer que le retour est impossible, qu’on ne revient jamais en arrière ! Le roman d’Hubert Juin exerce sur le lecteur un curieux envoûtement, qui est dû à la fois à un style d’une sûreté peu commune, et à la présence sourde d’un mystère sans cesse croissant. C’est une œuvre sobre et riche.