Non pas poèmes arbitrairement rassemblés, mais roman-poème, livre organisé, Les Guerriers du Chalco explore et dit deux mondes étroitement unis : celui des fantasmes et celui des événements historiques. Le poème d'Hubert Juin appartient à la veine baroque, et, dans cette mesure, loin de renoncer au discours rhétorique, au contraire l'accepte et en use. Le texte prend appui sur les objets de la nature : arbres, eaux, feuillage. Il devient ainsi, à sa façon, un paysage que le lecteur peut, à loisir, habiter. Ce lieu tressé de mots, est hanté par la présence du corps féminin, dont il ne cesse de faire louange. Refusant la solitude, la parole ici inscrite convoque les autres, et spécialement Yánnis Rítsos, Pablo Neruda et José Lezama Lima. Ce dialogue fait sa place aux soubresauts de notre siècle. Il n'est pas de petites choses, qui seraient négligeables ; ni de grandes, qui seraient nécessaires. Tout doit prendre rang dans l'entreprise poétique. Comme l'a écrit Victor Hugo : L'ensemble peint.