Le 3 mai 1814, Louis XVIII monte sur le trône de France, mettant fin à vingt-cinq ans de turbulences politiques. Pendant seize ans — exception faite de l’épisode des Cent Jours qui sonne le glas de l’Empire —, la première puis la seconde Restauration vont tenter de réorganiser l’État et de redresser le pays, d’abord en lui offrant la paix, en dépit des contradictions qui leur sont inhérentes. Singulière époque, en vérité, que celle où Louis XVIII puis Charles X — les deux frères de Louis XVI — gouvernent, avec un personnel politique constitué de nobles de retour d’émigration, de régicides et de bourgeois, une France tournée désormais vers la révolution industrielle, l’ère des chemins de fer et le grand dessein colonial du XIXe siècle. Certes, on pourra relever bien des maladresses dans la politique du nouveau régime, moins sans doute que ne l’a voulu une certaine « légende noire ». Le pouvoir des ultras, le fameux « milliard des émigrés », la loi sur les sacrilèges ou l’ébranlement que représente l’affaire du radeau de la Méduse ne suffisent pas, en effet, à comprendre cette période. Car la Restauration c’est aussi le mouvement romantique emmené par Hugo, ce sont les complots des Charbonniers, la naissance du monde ouvrier ou la passion que suscite l’indépendance de la Grèce, toutes choses qui font de ce moment de l’histoire de France un foisonnement d’événements, d’idées et de talents.