De la disparition de Ben Barka aux démêlés politico-judiciaires de la famille Tiberi, l’histoire de la Ve République est émaillée d’affaires judiciaires qui atteignent la dimension d’affaires d’État lorsqu’elles mettent directement en cause le Président. Charles de Gaulle et François Mitterrand ont bénéficié de la protection rapprochée du parquet, dont la vocation a toujours été le service du pouvoir exécutif. Mais aujourd’hui, effet des cohabitations ou réelle prise de conscience, cette courroie de transmission ne fonctionne plus avec la même efficacité. Est-ce pour cette raison qu’après un an et demi de mandat, Jacques Chirac a placé la réforme de la justice au rang de ses objectifs prioritaires ? Avocat, François Gerber dresse un état des lieux sans complaisance. Analysant la succession des scandales de ces quarante dernières années, il démontre de quelle façon le parquetier est resté cantonné dans son rôle d’agent d’exécution, conformément à une organisation hiérarchisée conçue par Napoléon, et presque inchangée. Au-delà des déclarations de principe et des protestations enflammées émises par les magistrats, derrière les fausses pudeurs et les vrais corporatismes, il s’interroge sur les vraies raisons de la revendication des membres du parquet à l’indépendance. « Les juges redoutent de perdre un pouvoir dont ils viennent de découvrir la réalité, après l’avoir si longtemps ignoré par complaisance ou lâcheté, écrit-il. Ce n’est pas une raison suffisante pour que les Français acceptent n’importe quelle évolution de l’institution judiciaire. ».