L’an 2000 a focalisé beaucoup d’imaginaires. Repartir sans horizon mythique, sans futur programmable, constitue un défi pour la prospective. D’autant qu’elle doit le faire dans un contexte inédit : celui de la gouvernance. Et avec un enjeu majeur : la démocratie. Un contexte inédit ? Oui, celui où « gouverner » n’est plus possible comme une souveraineté qui s’exercerait sans partage. En effet, d’un côté, une nouvelle réalité mondiale met en péril les fondements de l’action collective (le droit, la science, le politique) et, d’un autre côté, une capacité d’initiative renforcée chez les individus et dans les instances territoriales oblige à davantage de concertation. La gouvernance ? Elle vise à organiser le débat public, à donner sens aux projets, à faire naître des valeurs communes. Son exercice démocratique conduit à privilégier le processus sur l’acte de décider, l’humain sur l’institutionnel, la construction de repères collectifs sur l’application de règles universelles. Dès lors, il convient d’envisager une nouvelle prospective du présent qui lie gouvernance, innovation et changement, devient prospective de l’être collectif et accroît une intelligence partagée des acteurs. Prospective et gouvernance ont toujours partie liée : l’une concerne plutôt les savoirs, l’autre plutôt les pouvoirs. Mais dans une société qui se transforme en renouvelant ses modes de pensée, la prospective ne s’associe à la gouvernance qu’en entrant dans l’arène, en intervenant elle-même dans l’action créatrice de nouveau.