Au cours d’une longue existence marquée par les bouleversements d’un siècle finissant. Geneviève Straus a connu un destin d’exception. Fille du compositeur Fromental Halévy, épouse de Georges Bizet, remariée à Emile Straus après la mort du musicien, cette femme d’une beauté mystérieuse et sensuelle tiendra l’un des salons les plus brillants et spirituels de Paris. Elle y réunira avec talent des figures éminentes de la littérature, de l’art et de la politique : Maupassant, Degas, Bourget, Montesquiou et surtout Proust qui parera la duchesse de Guermantes de sa grâce et de son esprit. Tous la célébreront et feront d’elle leur égérie. Tous lui voueront une tendre fidélité admirative, réclameront ses lettres lui reconnaissant un talent épistolaire digne du XVIIIe siècle et Proust lui rendra ce rare hommage : « Ah ! comme j’aimerais écrire comme Madame Straus ! » En 1897, elle n’hésitera pas à mettre en péril la réputation de son salon en affichant des convictions dreyfusardes et en réunissant chez elle, au nom de la tolérance et de la justice, les partisans de la révision du procès. Elle n’oubliait pas, en l’occurrence, qu’elle était juive et tenait à l’affirmer. Souvent injustement maltraitée par les biographes de Bizet et de Proust, Geneviève Straus dont l’influence pourtant ne fait aucun doute, figure emblématique d’une Belle Époque révolue, est une grande dame du siècle passé et méritait de reprendre se place : celle d’une des femmes des plus éblouissantes de son temps.