Le modèle mondial « Halte à la croissance » présenté en 1972 au Club de Rome a ouvert la voie à une série de modèles d’ambition similaire. Ils embrassent la planète entière et traitent des problèmes cruciaux qui déterminent son avenir. Ces modèles introduisent une dimension nouvelle dans la science économique. Ils disent tous que désormais économie, démographie, sociologie ou politique sont des aspects indissociables d’une même évolution historique, et que la façon d’aborder l’avenir, bien plus que le passé, façonne le présent. Tous proposent des méthodes nouvelles de recherche adaptées aux dimensions nouvelles du champ d’étude. Mais pour fonder et justifier ces méthodes, les « Modèles mondiaux » ne peuvent se dispenser d’une théorie sur leur objet d’étude. Et l’objet d’étude c’est, en fait, le cours même de l’histoire. Curieusement, ces théories sur l’histoire demeurent sous-jacentes, comme si les auteurs des Modèles hésitaient à les expliciter. Pourquoi cette pudeur ? La démarche scientifique au contraire suggère d’esquisser une théorie de l’objet d’étude pour en dégager des concepts opératoires sur lesquels fonder les méthodes de recherche.