Le 1er mai 1891. À Fourmies, bourgade du Nord qui vit tout entière sous le signe du textile, les ouvriers défilent et réclament, en chantant, la journée de huit heures. Pourtant, au fil des heures, l’ambiance se tend. La troupe tout d’abord acclamée, fait face. Soudain, à la fin de l’après-midi, tout bascule. L’ordre de tirer est donné. Il ne faut qu’une minute pour que la manifestation se mue en tragédie. Fourmies entre dans l’histoire de la révolution industrielle. Le sang a coulé. La Fusillade de Fourmies, comme écriront les journaux, va soulever d’immenses passions. Chaque force politique s’en emparera, l’expliquera à sa manière, lui donnera la signification qui lui conviendra : ce n’est plus la vérité que l’on cherche, ce sont des idées qui s’entrechoquent, souvent au mépris de la vérité. Il y a cent ans de cela. Voici qu’André Pierrard et Jean-Louis Chappat reconstituent, heure par heure, minute par minute, le fil des faits. En journalistes devenus historiens, ils ont enquêté sur les lieux, exploré tous les rapports, recoupé tous les témoignages. « Chercher la vérité et la dire » ce précepte de Jaurès a guidé l’élaboration du présent ouvrage. À Fourmies aussi, l’histoire peut être une idée neuve. (Extrait de la Préface)