En mai 1958, tandis que la majorité du peuple et de ses notables accepte le gaullisme, des militants désobéissent doublement : aux Pouvoirs (celui de la IVe comme celui de la Ve République), et à la direction de leur parti. Aider les Algériens du FLN, à cette époque, c’était pour les uns trahison, pour les autres aventurisme. En même temps, au plan passionnel, ces hommes et ces femmes vivent des fugues que le climat physique et humain du nord de la France rend singulièrement attachantes. Dans l’antique pays des Nerviens, au long des « becques » flamandes, à Dunkerque battue de vent, les souvenirs des luttes antérieures éclairent les pulsions qui agitent des personnages hauts en couleur. Et pourtant on rencontre quotidiennement des François, Gabriella, Germinal, Adrienne-Wilhelmine du Mont-Noir, Lucien Spieters, César Morachini... On passe auprès d’eux sans savoir qu’ils pourraient s’illustrer dans de nouvelles Kermesses héroïques, et — pourquoi pas ? — dans une Révolution.