La garde du jeune enfant, en l'absence de sa mère, a été - pendant des décennies - traitée comme un problème d'aide sociale.Les progrès des connaissances médicales et psychologiques, associés à une longue expérience des « placements » (crèches, pouponnières, nourrices) ont démontré qu'il s'agit, en fait, d'un problème majeur de santé publique. C'est pourquoi les crèches sont, à présent, des structures bien organisées recevant - en garde de jour et à un rythme régulier - des enfants de moins de trois ans, pendant l'absence de leur mère ou de leur père. Elles doivent offrir les conditions optimales de son développement physique et mental ; les enfants de tous milieux y sont admis, ainsi que ceux qui sont atteints d'un handicap compatible avec la vie collective, permettant ainsi de contribuer à la lutte contre les risques précoces d'exclusion.Ces buts ne peuvent être atteints et maintenus, que si des conditions satisfaisantes d'aménagement et de fonctionnement sont réalisées, si des compétences sûres sont mises à contribution, et si réflexion et évaluation s'opposent à la routine, et introduisent de nouveaux progrès.À la crèche collective traditionnelle, ont été adjointes successivement les « crèches familiales », les « crèches parentales », les « mini crèches » ; d'autres apparaîtront à la faveur d'une législation très libérale. Pourtant, à part la crèche familiale, qui bénéficie d'une expérience ancestrale du placement nourricier (non sans souffrir des mêmes maux), tous ces établissements, qui se sont développés très vite pour des raisons d'efficacité et d'économie, posent aujourd'hui de nombreuses interrogations. Conçus comme des substituts de la crèche collective de quartier, ils ont été dispensés de la même rigueur.Dans la sixième édition de leur livre, les auteurs ont voulu faire le point sur les modes d'accueil des jeunes enfants en France et leur évolution. Mais, surtout, à la lumière d'une longue expérience, ils ont voulu bien mettre en évidence les conditions absolument indispensables dans tous les domaines touchant à la vie d'un enfant, pour assumer avec les parents, la responsabilité de la première enfance, dans son extraordinaire richesse et sa très grande fragilité.Martine Jomain, pédiatre, médecin territorial de PMI dans le Val-de-Marne et Nicole Rudelle, puéricultrice coordinatrice dans le Val-de-Marne, ex-directrice de crèche, ont également collaboré à cet ouvrage.