Brasília. Une capitale construite suivant un plan d’une symétrie absolue, qui reproduit l’image d’un volatile aux ailes déployées. Une capitale où grouillent d’ailleurs de drôles d’oiseaux, entre les villas du Lac et les favelas. Quels liens unissent Édouard Loriot, fonctionnaire international, Chico le gamin des rues récupérateur d’ordures, Élizabeth, femme pulpeuse aux principes rigides, Flavio l’apatride écartelé, Minelvina aux yeux rieurs, si belle, si brésilienne, et Jérôme le coopérant ? Des liens tissés en secret par cette ville folle qu’une poudre de césium aux reflets bleus menace d’une fin dramatique. Dans « L’Oiseau-carcasse », Michel Sauquet fait de Brasília un véritable personnage romanesque. Séduisante et repoussante, gigantesque et fragile, obsédée par la mort mais, par îlots, débordante de vie, elle ressemble bien à un oiseau cloué au sol qui tenterait d’empêcher son âme de fuir vers d’autres galaxies.