Griffonner... Dans un siècle ou deux, retrouvant les petits papiers de Hans dans un quelconque rayonnage, on ne saura pas reconnaître ces traces de pattes de mouche. On les détruira... Il n’aura été qu’un dialogue, enfermé et vain, une langue de bois d’ébène, une cymbale muette. Un gong en quelque sorte, sans voix ni loi... Il griffonne. Le wagon se cabre et saute comme une vieille mule, et son stylo s’applique à ne point trop dévier des chemins prudents de l’énigme. Mais, bientôt, malgré lui, le voile se lèvera ; on apercevra une brèche, un éclat de marbre, comme un message hâtivement gravé sur le tronc d’un chêne-liège. Dès les premières pages de "Sauvegardes", on est plongé dans l’univers étrange et bouillonnant de Michel Sauquet : il nous faut découvrir le monde avec les yeux étonnés de ses personnages. Depuis le succès de son roman : Cris étouffés de Tadjoura – sélectionné à l’automne 1987 pour le Prix Médicis – Michel Sauquet n’est plus un inconnu. On a pu apprécier la richesse de son style, de ses évocations. Dans Sauvegardes, on retrouvera, améliorées encore par l’inspiration et le travail, ces qualités qui font de lui un écrivain puissamment original.