« Filipa parut aussi surprise que moi. Sans esquisser le moindre geste, ni de défense ni d’attaque, elle regarda Lotte toute nue l’ajuster tranquillement avec le pistolet et tirer. Lotte revint vers le camion, sauta à côté de moi et claqua la portière de la cabine qui s’emplit aussitôt de l’âcre parfum de sa transpiration et du plaisir, sans doute, qu’elle venait de se donner à tuer Filipa. — Fonce, Alfonse ! dit-elle au pape… » Un homme part à la recherche de sa femme (de la femme ?). Il mène l’enquête, la quête, et se trouve précipité de mésaventures en mésaventures, ballotté par les événements et transporté par ses fantasmes. Un livre baroque, cocasse et grave, dont la cruauté ne parvient pas toujours à verrouiller la tendresse et qui laisse le lecteur essoufflé, abasourdi par tant de péripéties, tant de personnages incroyables et vrais. Mais, attention ! Le Rêveur au pistolet n’est pas qu’un polar à l’italienne sur fond de terrorisme et de libération de la femme… N’est-il pas aussi une sorte de bande dessinée sans dessins mais bourrée d’images, abordant avec cette irrévérence où la dérision est une forme de pudeur, quelques-unes des questions que chacun se pose ? Il se pourrait que ce livre primesautier soit tout simplement une belle histoire d’amour… d’amour de la littérature, bien entendu.