Alceste explique à Philinte, qui n’est jamais que son double, comment il est éternellement en butte aux tracasseries d’autrui. Cherchant à étayer sa démonstration, il retrace son histoire personnelle, et il évoque la génération de mai 1968, sans renier son appartenance, avec une indulgence relative. Il prétend faire de la Révolution un meuble de jardin et oppose aux grands hommes ce simple programme : vivre et laisser vivre. Il n’ignore pas le prix du feu d’artifice dont le général de Gaulle et Jean-Paul Sartre tirèrent les dernières fusées. Envers Bernard Pivot, assure-t-il, il n’a que de bons sentiments, même s’il l’a publiquement traité de « gourde ». Sans doute l’apparence triomphe-t-elle dans notre pays fatigué. Mais défendre coûte que coûte la valeur risque de rendre méchant. Et ce serait perdre son temps que se tromper d’époque. Voilà pourquoi, soucieux d’élégance, Alceste n’attendra pas que son congé lui soit signifié.