Quoi de plus simple en apparence que ces récits juxtaposés : un homme et une femme font l’amour sur une île perdue, un capitaine norvégien fait escale à Nantes, une journaliste accepte un reportage en Cornouaille, un marginal flirte avec les dangers d’une tempête sous Belle-Île, un couple de militants déambule dans Dublin. Mais il faut se méfier des premières impressions, qui ne sauraient épuiser le sens de ces récits. Sous la narration réaliste, brutale, souvent crue, que peut-on déceler ? Un lien ? Sans doute. Des significations ? Probablement. Des symboles ? Pourquoi pas. Car ces personnages d’âge mûr sont perpétuellement en transit, entre les souvenirs, les désirs, les impressions et les rêves. Ne s’agit-il pas, au bout du compte, de cet unique voyage dont nous sommes, chacun, l’unique acteur ? Et il y a peut-être bien plus encore : parmi les œuvres produites en Bretagne, qui puisent presque toutes leurs sources dans le romantisme et la tradition, « L’île aux Sables » pourrait bien déteindre. Comme une provocation, comme une invite à renverser cul par-dessus tête les valeurs, comme le manifeste d’une nouvelle littérature.