« Toutes les larmes de mon corps » n’est pas tant une autobiographie de jeunesse qu’un documentaire moral, la chronique d’un mode d’éducation où la modernité est un alibi et le conformisme, un garde-fou. Ce qui est ici décrit de, l’intérieur sous la forme éclatée d’un puzzle thématique, c’est le broyage d’un individu non conforme aux normes de la caste à laquelle il appartient. Histoire tragiquement ordinaire d’un être qui, se sachant à jamais de trop, devance le désastre pour mieux provoquer la vie. « Toutes les larmes de mon corps » est le récit implacable, sans pathétique, cliniquement lucide, d’une plongée dans cette classe moyenne où l’ennui est un réflexe, l’indifférence une tradition, la parole une trahison, et le goût de vivre une indécence. Plutôt qu’écrits certains livres doivent être proférés. « Toutes les larmes de mon corps » est assurément de ceux-là,