De quelle histoire sombre, tumultueuse et tragique, Herminia, petite-fille de Fanza, esclave affranchie de Ranavola-Manzaka, la dernière reine de Madagascar, est-elle la dépositaire ? Par quels prodiges de la mémoire et de la transmigration de l’âme de son ancêtre parvient-elle à consigner dans trois petits cahiers d’écolier l’histoire de larmes et de sang de Madagascar ? Quelle résonance l’évocation de ce monde englouti a-t-elle sur Tangol, Koto, Paulette, Zoubeda et tout le ti-moune métissé qui l’écoutent raconter, accroupis sous l’arbre du voyageur, dans un petit village de La Réunion ? Et qui sont ces plagiaires qui ont fondu sur le manuscrit d’Herminia, tels des papang’carnassiers sur un Ti-coq la bruyère, s’appropriant à leur tour l’histoire d’une appropriation : celle de Madagascar par la France coloniale. Monique Agénor, dans une langue inspirée, déroule en une fresque impressionnante l’histoire de la « Grande-Île » et d’une femme hors du commun, la reine de Madagascar, et le bouleversement de cultures ancestrales.