L’Homme qui marche : la poésie de Simonomis s’approfondit, devient plus grave, dans son anarchie douloureuse et protestataire. C’est surtout au niveau du social qu’elle accuse, à l’intérieur des huit heures stupidement imposées chaque jour l’aliénation essentielle. Le citoyen moyen fantoche, le « Dupont » au sourire béat, en prend pour son grade ! La prison du boulot dodo, l’immonde d’une Télévision qui n’apprend à vivre à personne, l’horizon barré pour tous ceux qui ne capitalisent rien : une colère populaire prend feu ici. Mais elle ne tombe jamais dans les facilités du populisme ; la pudeur, le tempérament propre au poète lui interdisent toute vulgarité. On sent l’honneur du travailleur qui s’exprime, au moins par son ombre qui aspire un jour à se projeter sur les obstacles. L’Homme qui marche s’ouvre par une vigoureuse préface de Pierre Béarn : « Simonomis est direct, brutal, ricaneur. Son apparent désespoir est à base d’espérance. »