Ben Ali écrit pour se libérer, régler ses comptes avec lui-même et les autres, établir son rapport à la poésie, à la terre natale. Il se revendique Arabe. Il est d’éducation judéo-chrétienne, comme nous tous, mais conserve des souvenirs émus de Tunis, sa ville d’origine, qui a pourtant éludé la Révolution. Immigré à Paris, hanté par les horreurs de l’injustice (le racisme, les massacres de Sabra et de Chatilla, par exemple), Ben Ali, met à nu, dans sa quête d’identité, ce qu’il appelle métaphysiquement sa « déchirure ». Ce Maghrébin de Paris revendique l’amour du sol aussi bien que la fraternité entre tous les hommes. Certes, la mesure du passé se fait à « l’unité-douleur ». Mais être lucide face aux épisodes sanglants d’hier aide à dénoncer les crimes d’aujourd’hui. Il faut noter dans ces poèmes la tentation de l’humour, la tendresse profonde (lire les textes dédiés à Leïlah, la fille, dont l’auteur est séparé), l’Éros cultivé lyriquement ainsi que la présence des éléments d’une mythologie personnelle (Carthage vivante, la reine de Saba). L’amour reste le grand recours et certaines des plus belles pages de ce recueil lui sont dédiées.