Jamais Alain Bosquet [avec ce livre d’entretiens] ne s’est confié avec autant de franchise. Son œuvre, largement autobiographique, ne pouvait pas tout dire : ces entretiens permettent donc le bavardage en roue libre. Sans masque ni apprêt, Bosquet détaille avec passion une vision pour le moins singulière de la création littéraire. Il revient sur son parcours, ses années de Guerre et les enjeux parfois cruciaux qu’il lui a fallu négocier. Il s’explique également sur ses choix artistiques, en livrant quelques anecdotes sur les illustres personnages qu’il a fréquentés. Défilent ainsi, sous la forme de portraits amusés, Louis Aragon, André Breton, Max Ernst, Thomas Mann, bien d’autres encore qui composent une mosaïque de souvenirs. Ce dialogue est complété en fin de volume par un carnet de bord, tenu au jour le jour par Olivier Brun, qui souligne à quel point les deux hommes, dans le jeu d’un langage sans cesse revisité, se sont traversés. Sans doute était-il nécessaire, par-delà les générations, de transmettre une passion. Alain Bosquet est mort tandis que s’achevait ce livre.