Un beau jour tout être humain finit par rêver d’un ailleurs dont la pérennité ne saurait se voir mise en doute. Au souvenir, à la fois morose et ébloui, des lieux d’une enfance beaucoup trop souvent idéalisée, se substitue alors le sentiment que, durant certains moments d’âpre solitude, s’ouvre alentour un espace parfaitement silencieux et transparent, une manière de paysage absolu, abstrait, donc propre au travail de la pensée, où l’imagination nous permet presque de contrecarrer le processus, pourtant irréversible, de l’anéantissement. De sorte que, dans le recueil de poèmes et de proses que voici, l’évocation des sapinières désertes et des chartreuses en ruine du Bugey, constitue moins le rappel d’un pays natal, considéré comme la pièce décisive ou la clé d’une existence entière, qu’une tentative d’avancée modeste mais résolue de l’autre côté de ce que nous nommons le réel.