Les « banlieues ghettos » jouent le rôle du bouc émissaire dans la cité. Elles portent une charge qui les dépasse et qui concerne l’ensemble de la société : urbanisation outrancière, chômage grandissant, immigration non contrôlée, rupture familiale, délinquance exacerbée… Le thème du « ghetto », banalisé à l’extrême, doit être mis en relation avec les grandes peurs contemporaines : drogue, sida, repliement minoritaire, intégrisme religieux, nationalisme aveugle… De l’émotion personnelle devant la mort annoncée à l’émotion collective des banlieues, le lien est moins ténu qu’il ne semble. L’explosion toujours imminente des quartiers sensibles fait écho aux débats actuels sur la vulnérabilité de l’existence. Elle est emblématique du malaise de la civilisation en cette fin de millénaire où toute vie et toute ville paraissent constamment au bord du désastre.