De Bonneval dans Les éléments de l’Éducation (Paris, 1743) assure qu’il ne faut souvent « qu’une Dame seule pour donner le ton à un cercle d’hommes ; je suppose qu’elle ait de l’esprit, vous les voyez civils, honnêtes, circonspects, traiter les matières avec un certain goût que donne le désir de plaire ; tous s’efforcent de mériter son suffrage : ôtez cette Dame, la conversation devient bruyante, chaque homme reprend un ton plus vif, et soutient son opinion avec une fermeté qui dégénère bientôt en opiniâtreté. » Ce volume d’essais consacré au goût, à la conversation et aux dames analyse la naissance du concept de goût en Espagne dont nous suivons le développement avec Saint-Evremond, Morvan de Bellegarde et l’abbé Gédoyn avant de passer en Angleterre avec l’homme de goût au XVIIIe et en Allemagne avec Kant. La conversation est abordée dans ses origines antiques et italiennes à la Renaissance, puis avec La Bruyère, Madeleine de Scudéry et son épanouissement littéraire au XVIIIe siècle. Enfin avec le rôle et le statut de la dame du Moyen Âge au XVIIe siècle en France, en Italie et en Espagne, on voit également que toute médaille a son revers, qui pourrait bien être le discours masculin, ainsi que le montre le dix-neuvième siècle.