« Dans les dictionnaires, le râle est à la fois un oiseau échassier vivant dans les marécages, et un bruit anormal produit au niveau des alvéoles pulmonaires ou des bronches. Dans l’esprit de mon éditeur – et de mes intimes –, j’aurais en travers de la gorge un drôle d’oiseau râleur passant son existence à broncher, s’époumoner, prendre la mouche à n’importe quel sujet, contre vents et marées. Pourquoi non ? Mon premier cri, en naissant, n’était pas un râle ? Il en avait tout l’air, en tout cas, la preuve : je n’ai pas été mort-né… Vie aidant, ensuite, grâce à Dieu que je râle sans arrêt ! Le jour où je cesserai de râler, je serai mort, vous êtes contents ? Écoutez, j’étais de bonne humeur, je vous commence un livre gai, tournons la page, voulez-vous ? » Roro de Bab-el-Oued, et petit poète du Canard enchaîné, l’auteur d’« Et alors ? Et voilà ! et autres Poèmes colère du temps » déroule dans ce « Journal d’un râleur » le fil de sa vie au fil de la conversation. Au fil des jours et de l’actualité, coupe-file de journaliste, oblige. Fichue bobine pleine de sacs de nœuds que ses lecteurs connaissent bien. Soixante-dix ans de bonne mauvaise humeur.