« Pour le bien comme pour le mal, nous subissons plus que jamais l’action de l’image », disait, dès 1947, Gaston Bachelard. Aujourd’hui, ce phénomène prend des allures de boîte de Pandore : le temps s’efface devant la conservation, et l’espace s’amenuise grâce aux moyens de communication ; les barrières tombent une à une, faisant se côtoyer siècles, continents et formes. L’image se démultiplie et se propage à l’infini, à chaque fois différente, offrant autant de possibles par la quantité que par ses qualités intrinsèques. La confrontation avec l’autre devient alors presque inéluctable, posant crûment les problèmes de toute cohabitation. À l’occasion du Salon de Mars, qui regroupe toutes les périodes et toutes les tendances de la création, depuis l’antiquité classique jusqu’aux expressions les plus avancées de l’art contemporain, nous avons recueilli les points de vue d’un certain nombre de professionnels, leur demandant de s’exprimer sur le bien-fondé de telles confrontations. Qu’ils soient experts, critiques, historiens de l’art, conservateurs, écrivains, artistes ou commissaires-priseurs, leurs avis divergent ou se rejoignent, mais peu importe, chacun s’en trouve concerné. À travers chaque point de vue, une image distincte s’exprime, enrichie de références historiques, théoriques, esthétiques ou sensorielles. Gageons qu’à la suite de la lecture de ces propos chacun verra sa propre image enrichie, si ce n’est confortée. S.E.