L’opposition tranchée du sexe féminin et du sexe masculin doit aujourd’hui céder la place à une compréhension plus profonde : celle de la bisexualité. La conception soutenue dans cet ouvrage est que la majorité des femmes et des hommes ont dans leur personnalité une composante de l’autre sexe. La thèse de Louis Corman s’appuie pour une très large part sur la morphopsychologie, cette science des rapports entre les formes du visage et les traits du caractère qu’il a édifiée en 1937. Il nous est ici montré qu’on peut déceler dans un visage de femme ou d’homme les traits de structure qui appartiennent à l’autre sexe, ce qui signe la bisexualité. De plus, l’examen morphologique peut nous dire si les deux sexes coexistant dans une même personne sont antagonistes, engendrant par là un déséquilibre ou si au contraire ils font alliance et se renforcent dans une action commune. En cela, la bisexualité peut être créatrice, l’association du féminin et du masculin étant susceptible de produire des œuvres de valeur. Louis Corman illustre cette thèse par des exemples. Ainsi il nous révèle que les grands hommes ont très souvent dans leur personnalité et manifestent dans leurs œuvres une composante féminine. Il cite notamment les cas d’Einstein et de De Broglie, les deux plus grands physiciens de notre siècle. L’originalité de cet ouvrage est de montrer que cela est général, que le rôle de la composante féminine dans les découvertes se manifeste souvent d’une manière frappante. D’où l’on peut inférer que le pouvoir de créer une œuvre, jusqu’ici considéré comme l’apanage presque exclusif de l’homme appartient aussi à la composante féminine, à cet alliage de féminin et de masculin qu’est la bisexualité.