Avec les arrêtés municipaux de l’été 1995 la mendicité et le vagabondage, deux questions qui traversent les siècles, ont repris place dans les débats juridiques et politiques. Ce livre retrace l’histoire de la prise en charge des mendiants et des vagabonds. Le modèle du « jeu de ping-pong » qui y est décrit permet de comprendre la gestion collective du phénomène. Ces arrêtés, petits détails de l’action publique, se situent certainement au centre des problèmes soulevés par la vulnérabilisation massive de la société française. Ils conduisent à s’interroger sur la citoyenneté dans un pays qui est malade de « l’exclusion » et dans des villes confrontées à une nouvelle donne que seule l’émergence d’une gouvernance urbaine efficace saura réguler. Aussi, au-delà de la condamnation philosophique de l’interdiction de la mendicité, il faut comprendre les décisions des maires comme un appel à l’État qui a tant de difficultés à comprendre et à gérer cette question SDF, alors qu’il fait de la lutte contre l’exclusion sa priorité impérieuse. Aujourd’hui, plutôt que de montrer certains « mauvais » pauvres du doigt, un des choix collectifs majeurs est certainement de se remettre en question face aux plus démunis. Les politiques « d’insertion » pourraient, à cet égard, être fortement reconsidérées car elles semblent surtout pointer un déficit de capacité d’intégration.