« Tout était étrangement solitaire pareil aux traces d’un monde oublié. Les champs semblaient abandonnés et brillaient durement dans la lumière du soleil. J’ai dévalé la pente en courant jusqu’à la petite rivière ; je me suis agenouillé sur le bord, j’ai trempé mes mains dans son eau transparente, j’en ai humecté mon visage, puis je me suis étendu sur le dos et je l’ai écouté couler. J’ai respiré longuement l’odeur de bois mouillé des bâtons écorces. Le plus fort que j’ai pu, j’ai collé mon dos, les bras en croix contre la terre couverte de mousse pour que toutes les sèves me pénètrent, qu’elles se répandent dans tout mon corps. Encore une fois, j’ai regardé le ciel comme je ne l’avais jamais regardé, je me suis fondu en lui. J’avais sept ans. Je savais que j’allais quitter ce pays pour toujours. » Sept ans et la fin de l’enfance pour le petit garçon qui a poussé dans le tendre monde des femmes de son village et l’amour vigilant de sa grand-mère Zina, la vieille femme kabyle aux pouvoirs un peu sorciers. Mais à sept ans, les petits garçons deviennent grands, brusquement, et Mounsi doit rejoindre son père, travailleur émigré en France. Commence alors l’autre versant de sa vie… Mais Zina et les parfums de la terre perdue réussiront leur ultime sortilège : Mounsi deviendra écrivain et nous confiera ces Jours infinis, un superbe roman d’enfance.