« L’immigration relie des générations l’une à l’autre par des “raccords” historiques : je suis dans cette fraction de temps. Nos pères ne criaient pas, ne s’expliquaient pas. C’est ce silence qu’il vous est demandé de déchiffrer dans le hurlement de leurs enfants. [...] Nos pères étaient naturellement vus comme des analphabètes. Or, avec les fils et les filles nés sur le sol français, il s’agit justement d’entendre des voix qui se mêlent de la façon dont on les interprète. La version originale de nos vies n’a rien à voir avec la version sous-titrée qu’on vous présente. » A la fois essai et récit, ce livre est bien, en « version originale », l’itinéraire qui mène le fils d’un OS mutique d’épuisement d’une rage de vivre prenant les formes les plus extrêmes à la rencontre de l’écriture. Superbement écrit et d’une rare acuité de réflexion, Territoire d’outre-ville jette un regard décapant sur la réalité de ceux qu’on a voulu appeler les beurs – mot abhorré par Mounsi – peut-être homonymie aidant, pour mieux les pasteuriser...